Restauration & Expertise

H. Rudert, Varsovie, 1861. Restaurée par E.P. Hofmann (collection particulière Hackl).
H. Rudert, Varsovie, 1861. Restaurée par E.P. Hofmann (collection particulière Hackl).

Ma collection personnelle comporte quelques guitares importantes des 18ème et 19ème siècles, ainsi qu'un grand fond iconographique, composé de gravures (dont certaines ornent ce site), photos anciennes, livres, et documents divers liés à l'instrument. Ma collection est ouverte aux chercheurs, joueurs et collègues luthiers (uniquement sur RDV). Elle se trouve dans un petit village en Bourgogne du sud, à proximité de Cluny (qui, un millénaire en arrière, abrita la plus grande abbaye du monde).


30 ans après ma première réparation de guitare, j'ai restauré plusieurs centaines de guitares historiques d'un grand nombre d'auteurs, allant des plus connus, tels que Pierre René Lacote, Georg Stauffer ou Antonio de Torres, aux anonymes. Je travaille pour des musiciens et collectionneurs du monde entier, mais fournis aussi des guitares à des institutions publiques. Parmi ces dernières, le Musée de la Lutherie et de l'Archèterie Francaises à Mirecourt - centre traditionnel de la facture instrumentale en France -, ou de la "Hochschule für Musik" à Bâle (Suisse).

J.G. Thielemann, Berlin, 1808. La plus ancienne guitare connue équipée de mécaniques d'accord d'origine (collection particulière Hofmann).
J.G. Thielemann, Berlin, 1808. La plus ancienne guitare connue équipée de mécaniques d'accord d'origine (collection particulière Hofmann).
P.R. Lacote, heptacorde "pré-Coste", Paris, v.1835 (collection particulière Hofmann).
P.R. Lacote, heptacorde "pré-Coste", Paris, v.1835 (collection particulière Hofmann).

...un document qu'il convenait de préserver, et ce dans son état structurel modifié. Une sérieuse entrave à la règle, donc. 

Pourtant, le métier et le commerce ont absolument besoin de règles, ou, mieux encore, de quelques principes de base généralement admis. Même si la réalité apporte son lot de retours de bâton et ne laisse que des mauvais choix à l'artisan. Parfois, ce métier ne se résume pas à rendre un service payé afin de nourrir son homme, mais de prendre du recul. Un des exercices les plus délicats, est de freiner les ardeurs du client, et rendre acceptable qu'en l'absence de bonne solution, la meilleure manière de faire est parfois de s'abstenir.


Ma priorité est le respect de l'état d'origine, mais en tant que restaurateur expérimenté, j'ai douloureusement conscience des limites de toute règle d'or. Voir par exemple cette magnifique guitare de Renault & Chatelain ci-dessous, fabriquée à Paris en 1780, et transformée par Lacote pour personne d'autre que Napoléon Coste (qui a signé certaines parties remplacées à la pointe sèche). Les guitares post-baroques françaises sont belles et historiquement importantes en soi - mais dans son état pourtant fortement modifié, la guitare ci-dessous est de fait devenue un document unique, et a gagné encore en importance...

Renault & Chatelain, Paris, 1780, modifiée par Lacote pour le compte de Coste. Restaurée par E.P. Hofmann (coll. particulière Scialom).
Renault & Chatelain, Paris, 1780, modifiée par Lacote pour le compte de Coste. Restaurée par E.P. Hofmann (coll. particulière Scialom).
J.G. Stauffer "Marie-Louise", Vienne, 1810 (Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel).
J.G. Stauffer "Marie-Louise", Vienne, 1810 (Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel).

Un projet de restauration commence par l'expertise et un constat des dommages, suivi d'un devis détaillé. Mes devis sont fermes, le montant de la facture finale correspond toujours à celui qui a été annoncé. Un paiement de 30% du total fait office d'accord, une deuxième tranche de 30% est due en cours de travaux, les 40% manquants à la livraison. Pas d'exception.

Une expertise écrite est facturée 2,5% de la valeur estimée de l'instrument, avec un minimum de 80,00 Euro.

Je n'achète que très peu d'instruments, mais agis fréquemment comme intermédiaire dans des achats/ventes de guitare.

Je ne partage pas ici d'inventaire actualisé de mes guitares anciennes, car la plupart ne sont pas à vendre. Une sélection des instruments disponibles se trouve néanmoins sous l'onglet "Guitares à vendre".

Quelques guitares sont également présentées dans mon eBay-shop (par ailleurs plutôt dédié aux publications). Mais en tout état de cause, si votre recherche porte sur une guitare historique, je vous invite à prendre contact avec moi. Que vous cherchiez un instrument particulier, ou que vous ayez besoin d'affiner votre choix en vue d'un répertoire spécifique, je suis à votre disposition.

Mauchant Frères "modèle Molino", Mirecourt, v.1825 (collection particulière Hofmann).
Mauchant Frères "modèle Molino", Mirecourt, v.1825 (collection particulière Hofmann).
P.R. Lacote, Paris, 1829. La même guitare que ci-contre, mais dans l'état dans lequel elle fut trouvée.
P.R. Lacote, Paris, 1829. La même guitare que ci-contre, mais dans l'état dans lequel elle fut trouvée.

Cette Lacote n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. Malgré des dommages très importants, j'ai voulu respecter une règle de base, qui est de préserver autant de substance d'origine que possible. Dans le cas précis, bien qu'il eut été plus simple de changer les éclisses, j'ai gardé les originaux.

L'idée de préserver la substance d'origine doit pourtant être relativisée quand il s'agit des "pièces d'usure", telles que les sillets, frettes et même parfois les chevilles. Si le but final dans la restauration d'un instrument de musique est sa conservation à long terme, alors sa jouabilité peut être bien plus qu'un simple à-côté : un instrument qui sonne bien et se joue aisément est un instrument qui sera mieux apprécié par son propriétaire, et voit ainsi ses chances de survie augmenter. D'où le concept de pièces d'usure, susceptibles d'être changées ou adaptées en cas de besoin.    

Mais la jouabilité non plus ne saurait être la juste mesure de toute chose. Certains instruments appellent à être préservés, et respectés en tant que documents - loin du terrain de jeu.  

La restauration n'est jamais chose simple, mais avec l'expérience, la plupart des problèmes deviennent gérables, notamment quand les dommages sont dus à des "causes naturelles" (contraction, déformation, utilisation raisonnable de l'instrument etc.).

Les choses se compliquent, quand, en tant que réparateur, on doit faire face à un héritage empoisonné. Par manque de savoir ou par manque de respect, les plus grands dommages ont presque toujours été occasionnés par des réparateurs.

P.R. Lacote, Paris, 1829. Restaurée par E.P. Hofmann (collection particulière).
P.R. Lacote, Paris, 1829. Restaurée par E.P. Hofmann (collection particulière).